Par l'Unternehmung Höhenstrum, le commandement de l'armée allemande voulut créer un bouclier contre une nouvelle attaque britannique. La ligne de front devait davantage être peuplée, avec des unités de combat et des mitrailleuses. Cela allait à l'encontre du principe de défense en profondeur pratiqué jusqu'alors.
Le hasard voulut que cette action allemande coïncida presque exactement avec l'attaque alliée du 4 octobre 1917. Les pertes allemandes à Zonnebeke furent donc énormes.
La Garde-Infanterie-Division 4 en route pour Zonnebeke
Fin septembre 1917, la 4. Garde-Infanterie-Division (GID4) allemande fut envoyée en Flandre, après avoir éprouvé de violents combats en France. Lorsque les premières troupes arrivèrent à Torhout, il leur avait été promis une longue période de détente.
C’est alors que les combats s'intensifièrent en Flandre. La division fut transférée à Ypres, à l'endroit le plus redouté pour une percée alliée : Zonnebeke.
Le 28 septembre, deux régiments de la GID4 s’installèrent au front, entre Zonnebeke et Molenaarelsthoek : la Garde-Grenadier-Regiment 5 (GGR5) au nord et la Garde-Regiment à pied 5 (GRzF5) au sud.
"Dans la ligne connectée des trous d'obus, d’innombrables cadavres et toutes sortes de matériel étaient jonchés entre les ruines des maisons. Des souches d’arbres étaient les témoins qu’il y avait eu des petits bois, il fut un temps. Ce qui resta de Zonnebeke ne fut qu’un grand amas de gravats."
Le calme plat avant la tempête
Initialement, la date de Höhensturm était fixée au 3 octobre, mais on choisit finalement le matin du 4 octobre. Les deux régiments de garde de Zonnebeke furent soutenus par la Reserve-Infanterie-Regiment 212 (RIR212), dont les forces effectives avaient déjà été fortement réduites.
Nuit et jour, des unités médicales, de ravitaillement et de munitions s'affairèrent derrière le front afin de préparer la bataille. Des tôles ondulées massives, des chevaux de frise ainsi que des munitions furent déplacés vers l'avant. Moyennant des avions et l’observation au sol, on tentait d’évaluer l'adversaire. Pendant ce temps, loin derrière le front, des manœuvres exceptionnelles se déroulaient.
Après la canonnade préparatoire, le RIR212 dut se déployer depuis le no man's land. On s’y attendait que l'étang du château allait présenter des difficultés parce que les attaquants devraient le contourner. Un autre problème épineux fut celui de la défense britannique dans les ruines du village. A cet endroit, ils voulaient utiliser des lance-flammes.
L’aube d’un jour noir
Les hommes au front de Zonnebeke n'avaient pas connu de répit depuis des jours entiers. Constamment bombardés de gaz et d'explosifs, ils demandèrent de la relève, ce qu’on leur refusa puisque l'Unternehmung Höhensturm se profila déjà à l'horizon.
Les conditions ne s'améliorèrent certes pas. Dans la soirée du 3 octobre, une longue période de beau temps sec s’acheva lorsque de gros orages éclatèrent, accompagnés de bruine et de quelques averses froides. Bien que cela ne provoqua pas une mer de boue, le terrain devint glissant et poisseux, ce qui eut un impact immédiat sur les routes à l’avant.
Entretemps, les commandants de l'armée allemande avaient reçu des indications selon lesquelles les Alliés allaient reprendre leur offensive le 2 octobre. Bien que l'attaque ne se concrétisa pas, l'augmentation du nombre de canonnades du 3 octobre fit comprendre que quelque chose se tramait. Néanmoins, le commandement de l'armée allemande persévéra. Dans l'obscurité totale et protégées par une brume et brouillard épais, les troupes d'assaut s’aventurèrent en rampant vers leurs positions de départ.
"Devant nos yeux surgissaient des émanations puantes, de la fumée, des éclairs et un tas de fontaines de boue. Fracas, grondement, bruit tonitruant flagellaient constamment nos oreilles. La chaleur étouffante des projectiles qui éclataient était palpable. (…) Qu’une vie humaine put encore subsister ici, cela demeurera un éternel mystère."
L’enfer se déclencha
De l'autre côté du front, les troupes de combat australiennes avaient pris position. Leurs objectifs furent clairs : prendre les hauteurs à l'est de Zonnebeke. La programmation de cette bataille de Broodseinde coïncida quasiment avec la contre-attaque allemande.
Le 4 octobre, un bombardement préparatoire allemand commença vers 17h30. Cela provoqua de nombreuses pertes parmi les Australiens qui attendaient. Ils résistèrent, et pourtant plusieurs d’entre eux craignaient que leur attaque avait été découverte.
Puis, peu avant l'attaque allemande, les canonnades des Alliés éclatèrent. Les bombardements furent d’une telle intensité que même des soldats allemands expérimentés déclarèrent par après qu'ils n'avaient jamais rien vu de tel. Malgré ces conditions inhumaines, le RIR212 s'engagea, selon les ordres, dans le no man's land à 6 heures pile du matin, prêt à attaquer. Mais, à peine quelques minutes avant Höhensturm, les Australiens se lancèrent à l'assaut.
Karl Rothenburg
Karl Rothenburg
Karl Rothenburg est né le 8 juin 1894 à Fürstenwalde, fils de Georg Rothenburg, professeur de lycée, et d'Alwina Sittmann. Après son baccalauréat, Karl devient enseignant. Il rejoint la 3e compagnie du 5. Garde-Regiment zu Fuß (GRzF5) en tant que "volontaire d'un an". Il suit une formation de base à Spandau, près de Berlin. Il combat pour la première fois lors du siège de Namur. Cette bataille s'est déroulée au début de la Première Guerre mondiale. Ensuite, il a été envoyé à l'est avec son unité. Ils ont d'abord été déployés près des lacs de Mazurie, dans le nord de la Pologne. Ensuite, ils se sont déplacés vers le sud de la Pologne. Le 21 décembre 1914, il est promu Unteroffizier. À l'automne 1915, GRzF5 retourne à l'ouest. Entre-temps, il est promu Offizier Stellvertreter. Le 18 novembre 1915, il est promu sous-lieutenant de réserve. Sur le front du Westhoek, il combat dans la Somme à l'été 1916 et devient commandant intérimaire de la 2e compagnie. Au printemps 1917, il devient commandant permanent de cette compagnie.
Les Alliés sont convaincus que la prise de la crête de Broodseinde sera décisive pour leur offensive flamande. La prise est initialement prévue pour le 6 octobre. Mais à l'approche de l'automne et en raison d'un risque accru de mauvais temps, l'attaque est avancée de deux jours. Près de Zonnebeke, la Flandern I-Stellung allemande est à la vue de l'adversaire. Cela rend le ravitaillement en troupes et en matériel extrêmement difficile. Le commandement de l'armée allemande est contraint de prendre des mesures drastiques : une grande contre-attaque à Zonnebeke baptisée Unternehmung Höhensturm (Tempête à haute altitude). L'opération tourne à la catastrophe. Des centaines d'Allemands sont tués et une multitude sont faits prisonniers de guerre ou blessés.
Entre le 25 septembre et le 10 octobre 1917, le GRzF5 est également déployé près de Zonnebeke, autour et dans le parc du château. Le 25 septembre, le front allemand et l'arrière-pays sont lourdement bombardés par l'artillerie britannique. Aux premières heures du 26 septembre, la nouvelle se répandit que l'attaque alliée pouvait éclater à tout moment. Au cours de la bataille de la forêt du Polygone, les régiments allemands sont submergés.
La relève suit le 28 septembre. A 4 heures du matin, pour GGR5, la relève est terminée. Il faudra attendre le soir pour que le GRzF5 prenne lui aussi ses positions. A son arrivée, l'unité écrit ce qui suit : "In der Trichterstellung liegen zwischen Häusertrümmern zahlreiche Tote und Geräte aller Art. Baumstümpfe zeigen an, dass einst hier auch kleine Wäldchen standen. Zonnebeke ist nur noch ein großer Steinhaufen". (Sur le site du cratère, de nombreux cadavres et toutes sortes de matériaux gisent parmi les décombres des maisons. Des souches d'arbres indiquent qu'il y avait autrefois de petits bosquets. Zonnebeke n'est plus qu'un gros tas de pierres).
Le 3 octobre, Zonnebeke est à nouveau sous un feu nourri. Même loin derrière la ligne de front, les rues et les restes de fermes sont mitraillés par les avions. L'artillerie allemande n'est pas à la hauteur. Certains obus tombent sur leur propre ligne de front.
A la veille de l'opération Unternehmung Höhensturm, prévue pour le 4 octobre, un autre relais interne suit au crépuscule. L'I./GRzF5 prend en charge le front. A Bereitschaft, le GRzF5 occupe maintenant les 10. et 11. compagnies à l'avant et les 12. et 9. compagnies à l'arrière. Les positions des compagnies. Malgré de lourdes pertes, Karl survit à l'affrontement.
Au printemps 1918, Karl Rothenburg participe à l'offensive du printemps 1918. Le 29 mars, il est blessé par un éclat d'obus à la main droite. Pour ses exploits dans les batailles de mars et d'avril, il reçoit la Croix de Chevalier de l'Ordre de la Maison de Hohenzollern le 23 mai 1918. Charles est décoré du Pour le Mérite, la plus haute distinction pour bravoure dans l'armée allemande. Il reste commandant du 2./5.G.R.z.F. jusqu'à ce qu'il quitte l'armée le 20 décembre 1918.
Lors de la création de la Wehrmacht au début de l'année 1935, Rothenburg demande à être réactivé dans l'armée. Il devient major dans le Kampfwagen-Regiment 1. Rothenburg est promu Oberstleutnant le 1er avril 1938. Un an plus tard, il devient commandant du Panzer-Regiment 6. Alors que les tensions sont vives sur le continent européen, il est promu au grade temporaire d'Oberst (colonel) en 1939. Son régiment est ensuite impliqué dans les violents combats de Minsk à la fin du mois de juin 1941. Karl est blessé par l'explosion d'un train blindé en feu. Des soldats lui proposent d'être évacué, mais il refuse. Ne voulant pas affaiblir davantage son régiment épuisé, il choisit de retourner à l'arrière à cheval. En traversant le territoire ennemi, il est tué le 28 juin 1941. Après sa mort, il est promu général de division.
Une perspicacité tardive
Le commandant de l’épicentre de l'attaque allemande fut informé à la dernière minute qu'il y avait beaucoup de remous inattendus dans le camp adverse. Il comprit que l'offensive britannique était un fait. Il n’était plus possible de se retrancher. Il n'eut d'autre choix que de passer à l'attaque, conscient de ce qui l’attendait.
Au même moment, un curieux incident se produisit du côté australien. Afin de pouvoir assurer la liaison pendant la progression, des groupes des 22e et 25e bataillons devaient circuler autour de l'étang du château peu avant l'attaque. Ils se heurtèrent presque immédiatement à des Allemands, avec la baïonnette au fusil.
Avec le 25e bataillon, le major Page se vit coincé dans une situation pénible. Il fut capturé au sud de l'étang. L'explosion d'une grenade sema la confusion, ce qui permit à Page de s’emparer de son revolver et de s'échapper à temps. Le lieutenant John McIntyre, qui dirigea une section du 22e bataillon à la boussole, fut moins fortuné: il fut tué après avoir abattu plusieurs Allemands. Certains de ses camarades parvinrent à regagner leur position de départ, encore sous le choc de ce dont ils avaient été témoins.
John McIntyre
John McIntyre
John McIntyre est né en novembre 1894 à Clementston, en Australie. Il est le fils d'Archibald Neal et de Mary Jane McIntyre. Son père est décédé en 1912. John travaille comme épicier avant de s'engager dans l'armée à Wonthaggi, en Australie, le 6 février 1915. Après avoir passé l'examen médical, il a été affecté au 22e bataillon d'infanterie australien. En août 1915, John part pour le continent européen. Il fit une escale à Gallipoli avant d'arriver en France.
Dans les jours précédant le Höhensturm, le bataillon releva le 4e sur le front à Zonnebeke. Les mitrailleuses et les tireurs d'élite sont déployés à Molenaarelsthoek, dans la partie sud-est du parc du château. Les conditions météorologiques ne sont pas à sous-estimer. Les pluies ont rendu le sol humide et détrempé. En outre, le clair de lune de la nuit du 3 au 4 octobre a joué un rôle. C'était une nuit sombre, avec peu de lumière. Les troupes d'assaut ont été poussées vers l'avant, au-delà de la première ligne de saut.
Juste avant l'heure de l'attaque, prévue pour 6 heures du matin, il y eut une réunion entre les troupes australiennes et allemandes. Charles Bean écrivit l'Official History of Australia in the War of 1914 - 1918 (Histoire officielle de l'Australie pendant la guerre de 1914 - 1918). Il y évoque ce moment en détail. L'étang du château est un obstacle pour les armées allemande et australienne. Par conséquent, pour assurer la liaison entre les troupes qui avancent, un peloton de la 22e brigade australienne doit contourner la rive sud de l'étang pour rejoindre le 25e bataillon au nord de l'étang. Dans son Histoire officielle, Bean décrit le moment où le sous-lieutenant McIntyre perdit la vie : " [...] montrant au peloton le chemin à l'aide d'une boussole, il tua plusieurs soldats allemands avec son revolver avant de recevoir lui-même une balle dans la tête ". Certains hommes du 22e bataillon finirent par revenir, choqués par ce dont ils avaient été témoins.
John Albert McIntyre est mort aux premières heures du 4 octobre 1917. Il n'a pas de lieu de sépulture connu, tant le chaos de cette journée fatale a été grand. Une croix commémorative a été érigée au cimetière militaire des avions à Ypres.
L’envahissement
Ce fut immédiatement le chaos chez les Allemands. Quelques-uns surent résister de pied ferme, mais la majorité des unités australiennes avancèrent relativement sans problèmes. Malgré cela, elles subissent aussi de grosses pertes. Sur la crète, en pleine vue des mitrailleuses allemandes, installées dans les profondeurs, elles furent violemment bombardées.
La vitesse à laquelle se déployèrent les hostilités provoquait des problèmes de communication et créait la confusion. Les coursiers n’atteignaient pas toujours leur destination et étaient parfois ignorés. Même l’apparition de casques britanniques dans les jumelles était interprétée par le quartier général comme l'approche des premiers prisonniers de guerre.
Le commandement de l'armée allemande ne se réalisa que progressivement la gravité de la situation allemande. Lorsqu'il en prit enfin conscience, il tenta de sauver ce qui resta à sauver de ses maigres réserves. On se demandait si la percée des Alliés dans les Flandres pouvait encore être arrêtée.
Les Allemands ne parvinrent plus à lancer une contre-attaque solide en raison des bombardements et des pertes importantes qu'ils avaient subies. Les nouvelles troupes furent principalement déployées pour combler les lacunes au front et pour renforcer les défenses.
"Toute la terre flamande tremblait et semblait dévorée par les flammes. Il n’était plus question de fusillades, mais c’était l’enfer en entier qui se déclencha. Les horreurs de Verdun et de la Somme paraissaient négligeables comparées à ces épreuves gigantesques !"
Wilhelm Lincke
Wilhelm Lincke
Friedrich Wilhelm Albert Lincke, fils de Friedrich et Constance Lincke, est né à Hanovre le 12 février 1874. En tant que commandant du II. Bataillon, Régiment de Réserve-Infanterie n° 212, il participe à l'opération Höhensturm le 4 octobre 1917. Cette contre-attaque près de Zonnebeke devait chasser les Alliés des ruines du village et donner un peu d'air à la Flandern I-Stellung sur la crête de Broodseinde, à l'est de Zonnebeke. Sur la crête de Broodseinde, au-dessus de Zonnebeke, la Flandern I-Stellung était entièrement visible par les Alliés. Le ravitaillement en troupes et en matériel est donc extrêmement difficile. Le commandement de l'armée allemande est contraint de prendre des mesures drastiques : une grande contre-attaque prévue le 4 octobre près de Zonnebeke est baptisée Unternehmung Höhensturm ("Höhensturm" signifie "orage à haute altitude").
Les Alliés lancent une attaque au même moment. Ils sont convaincus que la prise de la crête de Broodseinde sera décisive pour leur offensive flamande. La prise est initialement prévue pour le 6 octobre. Mais l'automne approchant et les risques de mauvais temps augmentant, l'attaque fut avancée de deux jours, également le 4 octobre. Pendant la période précédant l'attaque, les hommes du RIR 212 se rendent à leurs positions de départ sous le couvert du brouillard et de la brume. Le 4 octobre 1917, l'artillerie allemande lance comme prévu un puissant barrage à 5h35. Par endroits, l'artillerie ne réussit pas à atteindre ses propres lignes. Le barrage allemand reste sans réponse et les éclaireurs signalent d'importants mouvements de troupes britanniques. Le major Lincke s'inquiète et craint à juste titre que la poursuite de l'offensive britannique ne soit imminente. Il estime qu'il est préférable d'adopter une position défensive et d'interrompre l'attaque du RIR 212. Le régiment se retire à l'est de Zonnebeke, derrière la crête, où il peut attendre l'attaque des Alliés. Dès que les Britanniques attaquent, le régiment peut contre-attaquer de toutes ses forces. Avec un peu de chance, il pourra gagner du terrain. Mais le major Lincke ne peut plus repousser l'attaque. Il ne dispose pas de liaisons téléphoniques suffisantes et ne peut plus se concerter avec les autres commandants. Quelques instants avant l'attaque, il n'est plus possible d'envoyer des courriers. Il envisage un moment de retirer ses troupes du centre d'attaque vers la Flandern I-Stellung. Mais il doit renoncer à cette idée, car les unités de ses deux ailes seraient alors certainement des proies faciles pour l'adversaire. Conscient de ce qui se prépare, il n'a d'autre choix que de rejoindre les deux autres bataillons dans l'attaque. Le RIR 212 est situé le long de la Foreststraat, entre Zonnebeke et Molenaarelsthoek. Le I./RIR212, sur le flanc droit, contourne Castle Pond, au milieu le II./RIR212 longe la Retaliation Farm, au sud du II./RIR212 une partie du III./RIR212, avance vers Molenaarelsthoek. Alors que le RIR 212 traverse les lignes de la 4. Garde-Division, les craintes du major Lincke se réalisent, et les tirs de tambour alliés atteignent le RIR 212 sur le terrain. Wilhelm est grièvement blessé à l'avant-bras gauche par un obus. Le lieutenant Bansee et l'infirmier de Lincke, Simon Weege, bandèrent le bras et parvinrent à endiguer l'hémorragie. Pendant ce temps, les Australiens approchaient rapidement. Le jeune Weege et le major Lincke sont capturés au poste de commandement du II./RIR212, à Beselarestraat, juste à l'est du bois de Romulus. Le Leutnant Bansee est abattu alors qu'il tente de rejoindre les lignes du RIR 212. L'infirmier Weege est déployé comme brancardier et séparé du major Lincke, qui est emmené à Ypres puis à Poperinge, où il est soigné. Il passera le reste de la guerre en captivité en Angleterre. Le major Lincke est très impressionné par la machine de guerre alliée et commence à douter de la capacité de l'Allemagne à poursuivre longtemps cette guerre face à cette prépondérance d'hommes et de matériel :
"Ce que j'ai vu derrière le front anglais a fait naître dans mon esprit, pour la première fois, de sérieux doutes quant à notre capacité à mener la guerre à bien face à ces énormes quantités d'hommes, de matériel et d'organisation".
La contre-attaque allemande s'est soldée par un désastre. Des milliers d'Allemands sont tués, faits prisonniers de guerre ou emportés blessés. Pourtant, le 4 octobre ne marquait pas la percée rêvée des Alliés ; les défenses allemandes dans les Flandres ne s'étaient pas effondrées ; en effet, la résistance allemande s'intensifia dès que les Alliés atteignirent la crête de la colline, le barrage allemand et les positions fortifiées ayant fait des ravages. Les divisions australiennes subirent 6 500 pertes dévastatrices.
De la persistance à la stagnation
Au sommet de la crète, les Australiens découvraient une région qui leur avait été cachée pendant plus de deux années. Devant leurs yeux se dévoilait un paysage de verdure, avec au lointain des cheminées fumantes, des bosquets et des rangées d’arbres caressées par le vent et même des vaches en train de paître.
Pour la première fois depuis des années, les Alliés semblaient être confrontés à une percée décisive. Pourtant, les dirigeants de l'armée restèrent prudents. La prochaine attaque fut prévue pour le 9 octobre. Les Allemands avaient ainsi le temps de reprendre du poil de la bête. Entretemps, la météo avait changé et il commença à pleuvoir. Les batailles épuisantes de Passchendaele en découlèrent par la suite.
Pendant l'hiver, les Alliés avaient resserré leur emprise sur Zonnebeke. Des sentiers de plate-forme furent construits et l’on installa aussi des abris et de l’artillerie dans le centre du village et aux alentours. Lors de l'offensive allemande du printemps, en avril 1918, Zonnebeke fut évacué par les Britanniques. Le 28 septembre 1918, les soldats belges réussirent finalement à chasser les Allemands.
Sydney Barker
Sydney Barker
Sydney Barker, ancien élève, est né en 1898 à Hunslet, dans le West Yorkshire, en Angleterre. Il est le fils de Charles et Agnes Barker. Il s'est engagé à Leeds. Il sert dans le Duke of Wellington's (West Riding Regiment), 1/5e bataillon, qui fait partie de la 147e (2e West Riding) brigade de la 49e (West Riding) division.
Le 19 novembre 1917, le bataillon relève le 1/5e West Yorkshire en tant que bataillon de soutien au bataillon de première ligne de gauche sur le front de la division, sur la crête de Broodseinde, juste au nord de Beselare. La compagnie A est établie sur la crête de Tokio, les compagnies B et C sur la crête de Westhoek et la compagnie D sur la crête d'Anzac. Le 20 novembre, la position de la compagnie A sur la crête de Tokio fut lourdement bombardée pendant la majeure partie de la journée. Les autres compagnies furent bombardées par intermittence au cours de la journée.
Sydney, âgé de 19 ans, fut tué au combat le 20 novembre 1917. Le soldat de deuxième classe Barker fut initialement enterré là où il était tombé, près de la ferme De Knoet (28.D.28.b.20.30). Après la guerre, sa dépouille fut exhumée et réinhumée au cimetière de Perth China Wall, carré V, rangée J, tombe 6.
"De gros obus tombaient avec précision sur les routes et les fermes les plus proches, et certains bâtiments commençaient à brûler. Plus près encore [...] les Allemands couraient, quelques-uns à l'avant, suivi plus loin d’hommes en groupes, entièrement équipés, se frayant un chemin entre les lourdes rafales d'obus pour s'abriter dans les bois, certains se retournant de temps à autre pour tirer."